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Une solution pacifique contre l'Etat Islamique : le combattre économiquement

Probablement encore sous le choc des récents attentats de Paris, nombre de nos concitoyens se sont mués ces derniers jours en chef de guerre, politicien ou encore philosophe. Ces personnes, visiblement bien mal informées sur la situation au Moyen-Orient, se sont réjouies de l'annonce de François Hollande d'intensifier les frappes aériennes en Syrie. J'avais dénoncé cette stratégie et ses conséquences néfastes pour les autochtones dans l'émission de la semaine dernière. J'aimerais donc adresser un message à ces pauvres âmes sans aucune pensée critique : Ce n'est pas militairement que l'on vaincra l’État Islamique. Dominique de Villepin l'a déjà répété de nombreuses fois : « Le terrorisme est une main invisible ».

Éradiquer l’État Islamique passera forcément par le retour d'institutions fortes et légitimes dans les pays du Moyen-Orient où prospèrent aujourd'hui les terroristes. Mais les occidentaux peuvent aussi lutter contre l’État Islamique. Pas par l'ingérence, comme cela avait été fait après les attentats du 11 septembre avec l'invasion de l'Afghanistan. L'idée qui semble la plus pacifique et la plus raisonnable aujourd'hui semble être de frapper l’État Islamique économiquement. Sans argent, les terroristes ne pourront plus acheter d'armes, payer leurs guerriers et fonctionnaires et la fragile administration mise en place par Daesh s'effondrera aussi vite qu'elle est apparue. Il faut savoir, que l'organisation terroriste se voulant être un l'État, elle emploie des fonctionnaires pour s'occuper de la police, de l'école ou encore des tribunaux. Les soldats sont aussi rémunérés, entre 300 et 500 dollars par mois, ce qui représente une somme énorme dans la région.

Champs de pétrole et recel d'oeuvres d'art

Pour faire tourner leur économie locale, les terroristes s'appuient sur le pétrole. L’État Islamique possède actuellement une dizaine de champs de pétrole et produit 48 000 barils par jour. Le précieux liquide extrait, les terroristes le revendent ensuite localement pour les besoins des transports et de l'agriculture ou en Turquie par la contrebande. Les raffineurs viennent directement se fournir dans les puits contrôlés par Daesh. Mais le pétrole n'est pas l'unique source de revenu des terroristes. Depuis l'instauration de leur « califat », ils ont mis en place un impôt local de type mafieux. Pour résumer, les habitants payent pour la protection des terroristes. Enfin, contrairement à ce que ses vidéos laissent à penser, l’État Islamique ne détruit pas la majorité des œuvres d'art qu'il trouve. C'est même tout le contraire, puisque Daesh les revend pour financer ses activités.

Photos : gilbert.descloux

En théorie, il suffirait donc de cibler les ressources pétrolières de l’État Islamique et de lutter contre le recel des œuvres d'art pour affaiblir économiquement l'organisation terroriste. Sauf que comme le dit l'adage : « Plus facile à dire qu'à faire ». Difficile de couper les ressources pétrolières que contrôlent les terroristes sachant que le pétrole est revendu localement et non à l'international. Il sera aussi compliqué de geler les avoirs de Daesh. Contrairement à Al-Qaïda dans les années 2000, l'argent de l'Etat Islamique ne circule pas tellement dans le système financier international. Et ce qui vient des donateurs internationaux est relativement faible. Les seules points d'attaque qu'ils nous restent sont donc le recel d’œuvre d'art contre lequel nous devrons lutter avec fermeté et la corruption de certains financiers de la City. Une récente étude du Ministère des finances britanniques a ainsi montré que Daesh corrompaient certains financiers pour recevoir de faux prêts qui nourrissent ensuite le djihad mondial. La lutte, même économique, contre les terroristes semblent donc elle aussi compliqué.

Voilà pourquoi il ne faut pas tomber dans la réaction facile et encourager la violence. Encore une fois, les frappes aériennes sur Raqqa et la Syrie ne sont pas une solution viable et durable contre l’État Islamique.

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